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Racines chrétiennes

L’actualité des racines chrétiennes de l’Europe...

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Par MC 

 

 

Université d’été de la Sainte Baume

Organisée par l’observatoire socio-politique de Fréjus-Toulon et les Dominicains de la Sainte-Baume

à l’initiative de Mgr Rey

 

L’Europe

 

L’actualité des racines chrétiennes de l’Europe

 

Jean-François Chemain, enseignant en histoire, auteur de « Kiffe la France » et de « Tarek, une chance pour la France? ».

 

L’Europe pose la question de sa définition. Si l’Europe est comprise comme un espace géographique, la question de l’intégration de la Russie à l’est se pose. Pour de Gaulle, l’Europe devait se comprendre comme allant de l’Atlantique à l’Oural.

 

Sur le plan culturel, la frontière pourrait être celle avec la Turquie, pays musulman, à l’est du Bosphore. 

 

Si l’Europe se confond avec l’Union européenne, la frontière varie avec les élargissements successifs.

 

Pour Jean-François Chemain, la vision la plus pertinente est celle du premier ministre turc Erdogan, qui considère l’Europe comme un club chrétien, se superposant à l’empire romain d’occident, moins l’Afrique du nord.

 

Le monachisme européen développé par saint Colomban (VI-VIIème siècle) avec la mise en place de réseaux économiques et intellectuels ainsi que la distinction de saint Augustin entre la cité de Dieu et celle des hommes ont façonné la culture des pays européens. Dans leurs lettres, les papes Grégoire V et Boniface IV utilisent le mot Europe pour décrire un régime soumis à l’autorité papale. L’Europe s’incarne dans la dynastie carolingienne. La victoire de Charles Martel à Poitiers est celle des « gens d’Europe ». Charlemagne s’affirme comme le « phare de l’Europe ». L’Europe prend un sens politique à l’époque carolingienne. 

 

Le monachisme bénédictin se développe avec Cluny vers 900. La règle de saint Benoit est à la source du droit. La tradition politique et religieuse est mêlée à la tradition romaine.

 

Les tensions entre le pape et les souverains s’intensifient pour le contrôle de l’Église. 

 

Selon l’augustinisme politique, l’autorité pontificale l’emporte sur celle des souverains. Le pouvoir royal tient son autorité du pape. Ainsi, Louis le Pieux a été déposé suite au concile de Soissons. Philippe Le Bel ordonne l’attentat contre le pape Boniface VII.

 

L’Europe est l’héritière de ces rivalités. Le schisme d’Orient est provoqué par le refus de l’église d’Orient d’être soumise au pape, de même que les schismes anglican et protestant.

 

La carte de l’Union européenne se confond avec celles des monastères bénédictins au Moyen-Age et des démocraties européennes, qui se sont nourries de la tradition de l’église (élections des abbés dans les monastères).

 

Les racines chrétiennes expliquent donc la démocratie, mais aussi la notion de progrès liée à une conception vectorielle du temps par opposition à une conception cyclique de l’éternel retour, la notion des droits de l’homme, l’essor du capitalisme avec l’abolition de l’esclavage dans l’occident chrétien et la mise en place de techniques financières et d’innovation induisant les échanges. 

 

L’Europe a résisté à la conquête islamique. La frontière de l’Europe est la frontière de l’époque de la bataille de Lepante (1571) contre les Turcs.

 

Cette unité culturelle a conduit à des déchirures. Charlemagne refait un empire unique (l’empire carolingien). Par la suite, le roi de France se considère comme empereur en son royaume et refuse le saint empire romain germanique.

 

Au XIXème siècle se développent les nationalismes.

 

L’Union européenne est une idée catholique au départ. Mais le Royaume-Uni n’est pas un pays catholique, de même que la Grèce, premier pays orthodoxe à entrer dans la Communauté européenne. La Norvège est le premier pays non catholique à ne pas vouloir dans l’UE.

 

Les pays les plus pro-actifs dans l’Union européenne sont catholiques : France, Espagne, Italie.

 

La religion repose sur la foi, une pratique, un communautarisme, une anthropologie, dans un contexte, où les gens ne croient plus, avec le souci du plus pauvre, d’accueillir l’étranger et de ne pas juger le pêcheur.

 

Cette Europe (Occidentale) s’oppose à trois modèles concurrents : un modèle byzantin, où l’empereur commande à l’Église ; un modèle musulman, théocratique ; et un modèle américain, qui conjugue un état faible et une absence d’église dominante.

 

Quel est l’avenir du christianisme en Europe?

 

Il faut relever le défi du trop grand élargissement, c’est à dire ne pas s’étendre à la chrétienté d’Orient qui relève d’une autre tradition et d’une autre anthropologie.

 

L’intégration du Royaume-Uni s’est traduit par le glissement d’un projet spirituel vers un projet libre-échangiste et multi-ethnique qui n’est pas la vocation de l’Europe.

 

La laïcité est incluse dans l’anthropologie chrétienne. Toutes les religions ne se valent pas.

 

L’Europe doit se garder d’idées chrétiennes devenues folles avec une repentance permanente, et des volontés parfois totalitaires des états laïcs : inquisition de l’Etat. C’est un danger, comme nier les racines chrétiennes de l’Europe.